Bouctouche en mars 2002

Née à Saint-Damien, une petite localité près de Saint-Antoine qui faisait partie à l'époque de la paroisse de Sainte-Marie-de-Kent, issue d'une famille de neuf enfants, Sara LeBlanc Girouard a célébré le 14 juillet dernier son 100e anniversair

e de naissance. Toujours très lucide, affable et vaillante, Mme Girouard nous résume son cheminement.

«Je suis allée à la petite école jusqu'à 12 ans. En ce temps-là, ma mère était malade de la tuberculose et je devais rester avec elle parce qu'elle ne pouvait pas trop travailler. Aussi, en ce temps-là nous n'étions pas riches mais on ne se coucha

it jamais sans avoir soupé et on avait tout le temps de quoi assez pour graisser notre pain», a expliqué en souriant Mme Girouard. Son père est décédé à l'âge de 55 ans alors que sa mère a rendu l'âme à 60 ans.

Pour gagner un peu d'argent quand elle était une jeune fille, c'est à partir de 14 ans que Mme Girouard travaillait déjà comme servante pour des familles de la région. «Je gagnais quatre piastres par mois. Avec cet argent, il fallait s'habiller ma

is dans ce temps-là du linge ne coûtait pas

cher non plus», de dire la dame centenaire. À l'âge de 25 ans, elle prenait pour époux Emilien Girouard du village des Pellerin (paroisse de Sainte-Marie). «On est demeuré chez mes beaux-parents pendant dix ans et ensuite on a acheté une ferm

e à Notre-Dame-de-Kent et c'est là qu'on

a déménagé et qu'on a élevé quatre enfants. À cause de la ferme, je passais autant de temps dans la grange que dans la maison parce que dans ce temps-là, mon homme était forgeron et il était très occupé à faire cet ouvrage», dit-elle, ajoutan

t du même souffle que son jeune garçon

l'aidait à faire le train de grange le matin et ensuite il allait à l'école.

Lecture

Mme Sara Girouard aime passionnément la lecture. «Quand j'étais jeune, il fallait tout le temps que je lise quelque chose en arrivant à la maison parce que j'aimais assez ça lire. Je me souviens qu'en ce temps-là, ma mère était abonnée à une annal

e qui se nommait ‘L'ami de l'Orphelin' et le temps me durait pour que l'annale arrive», de préciser la bonne dame de 100 ans. Or, depuis sa jeunesse, elle aura effectivement fait la

lecture d'innombrables revues et livres. «Je me rappelle qu'une maîtresse d'école restait chez nous et souvent elle m'apportait des livres pour que je puisse les lire, tout le temps des bons livres. Aujourd'hui je lis toujours, surtout des romans

.» En fait, une de ses amies, une bibliothécaire, lui fait parvenir souvent des livres au foyer où elle demeure. «Je lis encore un livre par jour et un temps j'en lisais encore plus que ça. J'aime beaucoup les romans et les livres d'histoire. J'a

i déjà lu aussi le livre sur l'histoire de Louis J. Robichaud et c'était très intéressant. J'aime aussi les romans de Danielle Steele et quand un de ses nouveaux livres en français arrive en bibliothèque, je peux l'avoir grâce à la bibliothécair

e», dit Mme Girouard. Qui

plus est, lorsqu'elle termine la lecture d'un livre, particulièrement en soirée, il lui arrive ainsi souvent de s'adonner par après à faire des mots croisés, et ce sans l'aide du dictionnaire!

Toujours en bonne forme et relativement active en fonction de son âge avancé, Mme Sara Girouard ne peut rester à rien faire. Elle se dit à l'aise et très bien servie au Foyer Lisa Allain. «Souvent je leur demande même si je peux les aider!»

Quant à sa longévité, Mme Girouard ne peut l'expliquer. «Je n'ai pas de secret mais ça va bien. J'essaie toujours d'en faire autant que je peux», dit-elle de son beau sourire habituel.