VÉTÉRAN 1914-1918 Adalbert Léger Si je choisis de vous présenter Adalbert Léger, c'est que je l'ai rencontré, par hasard, par le biais d'une lettre d'une dame de France. Adalbert est fils aîné de Séraphin Léger et de Elisabeth Mazerolle. Il est né le 30 mai 1898 et fut baptisé le 5 juin 1898 en l'église St-Pierre-aux-Liens de Caraquet (Nouveau-Brunswick). Son parrain fut Joseph Auguste Mazerolle et sa marraine Célina Mazerolle. Il fréquenta la petite école de Pointe-Rocheuse où son institutrice était mademoiselle Laurette Cormier. 'C'était une excellente institutrice et j'avais bien profité de ses leçons si bien que je devins vite le premier de ma classe lorsque je rentr ai au collège à l'âge de 9 ans.' Après sept ans au collège de Caraquet, notre jeune homme sortit diplômé du cours commercial et se trouva un emploi à la Banque Provinciale de son village. André Lecomte, jeune Français, fréquentant aussi le collège, et ami intime d'Adalbert, lui avait beaucoup parlé de Paris. Donc, s'enrôler dans l'armée devint pour lui un prétexte pour aller voir la grande Ville-Lumière. En août 1916, Adalbert Léger joignit les rangs militaires à Saint-Jean (Nouveau-Brunswick). L'entraînement au Canada dura six mois. La traversée de l'Atlantique se fit sans danger apparent puisque le bateau abritant environ 1 000 hommes, dont cinq ou six de Caraquet, était bien escorté. Les six mois suivants se passèrent en Angleterre. Londres a vraiment charmé ce jeune homme. 'Nous étions cantonnés tout près de Windsor Park, résidence d'été de la famille royale; c'est sans doute ce qui m'a le plus impressionné.' Enfin Paris et la France! Malheureusement, la réalité était toute autre que ce que lui avait raconté son ami. 'La grosse Bertha (1) bombardait Paris et toutes les lumières étaient éteintes le soir.' Notre jeune Acadien, membre du Army Service Corps, était employé comme interprète. Pour certains, il était 'le petit Anglé' tandis que d'autres lui disaient: 'Mais vous parlez le 'francé' tout comme nous.' Tous les matins, Adalbert devait franchir les quatre kilomètres qui les séparaient du village voisin afin de pourvoir au ravitaillement de son unité. C'est alors qu'il rencontra une grande amie de tous les soldats, mademoiselle A. George, de Gérardmer. Cette dame est âgée aujourd'hui de 96 ans et se rappelle d'Adalbert comme d''un jeune homme poli, gentil, aimable qui disait ne plus avoir de maman et être l'aîné d'une famille de 10 enfants.' Après toutes ces années, cette marraine de guerre pria pour recevoir des nouvelles d'Adalbert ou de sa famille. Ce serait 'une grande joie avant de mourir'. En mars 1985, elle adressait donc un message par la poste: Famille d'Adalbert Léger, Caraquet, Canada. Par erreur ou par coïncidence, cette lettre échoua chez moi. Comme ne pas essayer de renouer cette amitié de près de 70 ans'... Cela m'a donc permis de me faire deux nouveaux amis: une à Gérardmer, France et l'autre à Laval, Québec. Adalbert Léger, vétéran octogénaire, s'intéresse toujours à l'histoire des Acadiens et se demande pourquoi on écrit 'Légère' au lieu de 'Léger'. Il a été à l'emploi de Dupuis et Frères pendant de nombreuses années et jouit maintenant d'une retrait e bien méritée en compagnie de sa seconde épouse. Il écrit toujours très bien et s'est fait un plaisir de répondre à mes questions un peu curieuses. Parmi ses souvenirs, Adalbert mentionne: Nous venions de quitter la gare de Nancy quand cette gare a été bombardée. Peu de dégâts, pas de morts. Il n'y avait guère de danger, surtout la dernière année lorsque je fus muté à l'Etat Major du groupe, à plus de 40 milles des premières lignes. Somme toute, la vie à l'arrière des lignes était agréable, mais la vie dans les tranchées était horrible. J'ai connu au moins deux jeunes qui se sont infligé des blessures pour ne pas retourner aux tranchées. Je suis allé en Allemagne en mission mais c'était après l'armistice. En août 1919, Adalbert Léger revint au Canada. Il n'y avait que 500 hommes sur le bateau du retour. La guerre était terminée depuis novembre 1918. 11 fut démobilisé à Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) où il s'était enrôlé trois ans auparavant. (1) Surnom donné aux canons lourds allemands qui, en 1918, tirèrent sur Paris d'une distance de 120 km. Joseph Adalbert Léger épouse Marie Emma Alberta Trottier, fille de Georges Trottier et de Delima Giguère, le 3 septembre 1923 en l'église St-Jean-Baptiste de Québec (Québec). Vous trouverez la lignée ancestrale paternelle de Aldalbert Lége r à la page suivante. Bibliographies: - La Revue d'histoire de la Société historique Nicolas-Denys, Vétérans de la Première Guerre Mondiale 1914-1918, Volume XIV, Numéro 2, Avril-Juillet 1986, Adalbert Léger par Maria Léger. - Notes généalogiques, Jean-Pierre Léger, Bellefeuille. |