«Je n'étais qu'un enfant lorsque je me suis intéressé au “limage”. J'ai toujours voulu de bons outils. Mon père possédait un moulin à scie à Hacheyville, c'est là que je me suis fais la main. Aujourd'hui, je suis âgé de 75 ans et je lime encor

e», nous explique cet artisan qui ne fait pas qu'affûter des outils. Il nous montre une réplique exceptionnelle du Mercedez-Benz des années 1930 qu'il a mise un an à fignoler. Tout est fabriqué à l'échelle, sans clou, seulement de la colle. Les br

oches des roues sont faites de fil à coudre. Il semble même que la compagnie Mercedez voudrait voir une photographie du petit chef-d'oeuvre. Le capot, les portières, les lumières, la petite banquette surélevée derrière la voiture. Les sièges de cu

ir sont faits en bois, mais ils imitent l'original. Il a fallu un as pour fabriquer cette belle réplique. Faut voir les pare-chocs, une beauté. C'est dans l'affûtage que réside le secret. Un maître affûteur a aussi le compas dans l'oeil pour sable

r délicatement toutes les petites pièces servant à la fabrication de ces voitures miniatures. «Je passe des heures agréables dans mon atelier. Mon but, c'est de rendre la réplique la plus ressemblante possible. J'aime voir les gens regarder me

s pièces lorsqu'elles sont terminées. Malheureusement, nous avons peu d'endroits où les exposer.» Ce qui étonne agréablement en rencontrant Alfred Dumaresq, c'est son humilité. Il nous raconte devoir parfois reprendre des pièces terminées, de

s pièces si délicates qu'elles se brisent parfois à l'assemblage. Humilité et patience. Seriez-vous en mesure de limer une grande scie dans un moulin?, lui avons-nous demandé. «Je pense bien que je pourrais encore la faire couper. C'est un métie

r qui ne s'oublie pas, à moins que la main nous tremble», dit-il, timidement. Tout en discutant dans son atelier, il ouvre des placards, nous montrant des meubles pour enfants, fabriqués de chêne. «Des sets de table pour enfants», comme dit Alfred

. Des trésors qu'on trouve difficilement dans les magasins. C'est pour ses enfants. Il nous montre aussi des camions, des casse-tête en bois, toutes sortes de jeux captivants qui sont sortis du bout de ses outils tranchants. Dans l'ensemble de so

n oeuvre, on remarque une âme d'enfant chez cet homme. Au début de l'entretien, il nous a dit qu'il n'était qu'un petit gars lorsqu'il a entrepris d'affûter des couteaux et des scies. La passion a pris racine chez cet homme. (article de André Pépi

n, L'Acadie NOUVELLE, 20 mai 2004)